Géomorphologie
Depuis les travaux pionniers de S. Daveau (1959) et les quelques recherches menées par Beaudet et al (1981), le plateau de Bandiagara n’avait pas fait l’objet d’études géomorphologiques ou géologiques récentes. Considéré un peu rapidement comme un simple plateau gréseux recouvert d’une mince pellicule provenant de la désagrégation des grès précambriens, il offre pourtant au chercheur la possibilité de mettre en évidence l’impact des grandes fluctuations paléoclimatiques récentes. En effet, que ce soit sur le plateau, dans l’amont de la vallée du Yamé, ou au niveau de la « falaise » qui le limite vers l’est, les formations sédimentaires permettent de préciser et de dater les grandes phases de l’évolution géomorphologique et stratigraphique du Pléistocène et de l’Holocène. Les premiers résultats ont été publiés (Rasse et al, 2004 et 2006, Lespez et al, 2008) ou ont fait l’objet de la soutenance de thèse (Le Drezen, 2008) et d’autres recherches sont actuellement menées et/ou en cours de publication. Toutefois beaucoup de travail reste à mener pour tirer toutes les informations possibles de la richesse des enregistrements sédimentaires préservés.
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Chronostratigraphie
L’une des particularités majeures du gisement d’Ounjougou résidant dans l’accès à des ensembles sédimentaires allant du Pléistocène moyen aux périodes subactuelles, l’élaboration d’une séquence chronostratigraphique générale occupe une position centrale au sein des thématiques de recherche. Cette approche diachronique a nécessité la mise en place d’une collaboration étroite entre plusieurs disciplines (géomorphologie, sédimentologie, archéologie et géoarchéologie, paléobiologie, datations OSL).
Au terme de plusieurs missions destinées à comprendre la géologie du site, force est de reconnaître que la séquence stratigraphique quaternaire est complexe, et que de nombreuses interrogations subsistent. Les analyses sédimentologiques des 15-16m de la pellicule quaternaire sont en cours : texture, couleur des dépôts, granulométrie et structure sédimentaire font l’objet de travaux et les résultats ne sont encore que partiellement utilisables. Toutefois les caractéristiques principales des formations et l’analyse des contacts sédimentaires permettent de reconstituer, dans ses grandes lignes, la stratigraphie.
Toute l’évolution géomorphologique du plateau ayant été, à plusieurs reprises, tributaire des mêmes conditions de surface, la répétition des formes et des figures d’imbrication sédimentaire est constante. La stratigraphie du site d’Ounjougou ne peut être ainsi comprise sans la nécessaire distinction entre les processus de surface, qui régissent les surfaces planes et le remaniement superficiel des sols, et les processus d’encaissement des artères fluviales qui expliquent les formes principales.
Superficiellement, le matériel est quasi exclusivement limoneux, que ce soit sur le glacis principal ou sur les formes dérivées. Il s’agit de formations liées aux remaniements successifs des limons éoliens qui se sont déposés sur le plateau, probablement surtout durant les phases sèches. À l’inverse, dans les chenaux, ce sont des séquences grossières, composées principalement de sables et de cailloutis, qui caractérisent la sédimentation. De fortes précipitations alimentaient des écoulements puissants qui effectuaient un véritable tri granulométrique : les particules fines étaient emportées vers l’aval, et le matériel grossier était véhiculé lentement en fond de chenal. Cette distinction est facile à repérer dans les niveaux holocènes, et si elle est à même de permettre la compréhension de la stratigraphie, elle reste tout de même hypothétique pour les formations pléistocènes.
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Paysage et végétation
Les formations holocènes d’Ounjougou sont extrêmement riches en macro et microrestes botaniques, permettant d’accéder à une meilleure compréhension des modifications des écosystèmes pendant cette période en Afrique de l’Ouest.
A Ounjougou, de nombreuses méthodes sont appliquées à l’étude des paléoenvironnements végétaux et des dynamiques des paysages : paléoanthracologie, carpologie, palynologie, analyse des phytolithes, sédimentologie et micromorphologie. L’objectif général de ce volet est de reconstituer l’histoire des influences des sociétés et des variations climatiques sur les paysages et la végétation du Pays dogon au cours de l’Holocène.