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Historique des recherches

Le programme de recherche international et interdisciplinaire « Peuplement humain et paléoenvironnement en Afrique»  est coordonné par le laboratoire Archéologie et Peuplement de l’Afrique, à l’Université de Genève (Suisse). Son objectif principal est d’étudier l’histoire des interactions entre populations humaines et variations climatiques et environnementales, du Pléistocène à nos jours. Le programme a été initié en 1997, suite à la découverte du site d’Ounjougou en Pays dogon (Mali).

Bien que l’existence de témoignages archéologiques en Pays dogon ait été rapportée par le lieutenant Desplagnes dès 1907, la connaissance de la Préhistoire dans la région s’est longtemps résumée à un seul article publié par G. Szumowski en 1956, relatant la présence d’industrie lithique et de céramique dans deux abris-sous-roche situés à 40 km à l’ouest de la ville de Bandiagara. En 1988, le géologue M. Burri recueille une hache polie, une armature de flèche en grès et quelques éclats lithiques dans la vallée du Yamé, à l’est de Bandiagara. Ces trouvailles motivent une série de prospections qui seront menées durant l’hiver 1993-1994 par Eric Huysecom, aujourd’hui Professeur et directeur du laboratoire Archéologie et Peuplement de l’Afrique à l’Université de Genève. La découverte de nombreux vestiges indiquant des occupations remontant au moins jusqu’au Paléolithique moyen est rapidement établie. L’ensemble des sites répertoriés dans la zone prospectée reçoit alors l’appellation de « Gisement d’Ounjougou », d’après le nom du lieu-dit où les premiers prélèvements ont été effectués.

Situé sur le plateau de Bandiagara, à une quinzaine de kilomètres à l’est de la ville du même nom, le complexe d’Ounjougou rassemble de nombreux sites de taille et de nature très diverses, répartis dans une zone d’environ 10 km2 et gravitant autour de la confluence du Yamé et de trois cours d’eau temporaires. En 1936, une crue importante a considérablement modifié la configuration du cours d’eau en redessinant sa trajectoire beaucoup plus bas, ce qui a entraîné une forte érosion régressive dans les formations quaternaires environnantes. Cette incision verticale, responsable des spectaculaires ravinements aujourd’hui visibles dans la zone, a engendré des coupes naturelles pouvant dépasser 10 mètres de hauteur.

La stratigraphie ainsi révélée a permis la découverte de très nombreux niveaux archéologiques attribuables à une large fourchette chronologique, s’étendant du Paléolithique ancien à nos jours. La séquence d’Ounjougou se distingue également par une série de niveaux holocènes extrêmement riches en vestiges organiques exceptionnellement bien conservés (charbons de bois, mais aussi pollens, feuilles, graines et bois), offrant l’opportunité de mettre en relation directe occupations humaines et variations climatiques et environnementales sur une longue séquence. C’est afin d’étudier de façon optimale ce site unique en Afrique de l’Ouest que le programme de recherche international « Peuplement humain et paléoenvironnement en Afrique » a vu le jour en 1997.

Les travaux menés sur le gisement d’Ounjougou entre 1997 et 2004 ont conduit à l’élaboration d’un premier scénario de l’histoire du peuplement du Pays dogon, révélant toutefois plusieurs hiatus archéologiques ou sédimentaires. A partir de 2005, les recherches ont progressivement été étendues à la falaise de Bandiagara et à la plaine du Séno, dans l’optique de tester le modèle de peuplement défini à Ounjougou et de comprendre les différents hiatus mis en évidence dans la séquence de la vallée du Yamé. Cette seconde étape de recherches, plus extensive, avait également pour objectif de relier l’histoire du peuplement du Pays dogon à celles des régions périphériques. De nombreux sites du Pléistocène et de l’Holocène ont alors été découverts. Les travaux en Pays dogon se sont achevés en 2011 avec la deuxième campagne de fouille menée sur le site de Sadia, une importante butte d’habitat de la période pré-dogon, datée entre le 8ème et le 13ème siècle de notre ère.

Aujourd’hui, les chercheurs impliqués dans le programme s’intéressent également à d’autres régions importantes pour la compréhension du peuplement de l’Afrique de l’Ouest. Depuis 2011, des recherches menées au Sénégal oriental s’efforcent de restituer le contexte archéologique et paléoenvironnemental de la vallée de la Falémé. Le développement d’une fouille-école internationale en Côte d’Ivoire est également en cours.