- Thème 1 : Dynamiques anciennes d’occupation de la Falémé de l’Acheuléen au MSA
Dans le contexte actuel qui semble indiquer des dynamiques culturelles spécifiques à l’Afrique de l’Ouest au cours du Paléolithique (Scerri et al. 2017, Allsworth-Jones 2019), l’objectif de ce thème est de mieux cerner les occupations anciennes de la Falémé sur la base de la fouille de différents sites stratifiés qui devront être datés, et de l’étude techno-économique des industries lithiques collectées.
Il s’agit tout d’abord de poursuivre la fouille du Ravin Blanc IV (RBIV), daté de manière préliminaire entre 250 et 200 ka, qui est le site de référence pour ce thème et le seul site ouest-africain de la période acheuléenne qui offre des possibilités de datations et un contexte stratigraphique bien cerné. Les fouilles de 2017 avaient permis de tester le site sur 9 m² jusqu’au substrat, et de constituer une collection diagnostique de ~ 1700 artefacts permettant une première évaluation des productions lithiques acheuléennes. Le potentiel du site a été confirmé par la fouille de 2018, qui a consisté en une tranchée de 11×1,5m vers l’intérieur du champ, et qui a permis de s’éloigner des perturbations sédimentaires visibles dans la zone fouillée en 2017, liées à l’incision récente du ravin. Cette fouille, effectuée plus finement, a permis de mettre au jour une zone où les niveaux sont mieux conservés et d’enrichir le corpus lithique de ~1800 artefacts.
En outre, un niveau superficiel situé au sommet de l’Acheuléen a été identifié et pourrait, d’après les caractéristiques du matériel lithique (petits nucléus discoïdes, bifaces plus réduits et en matières premières exogènes, etc.), se rapporter à une phase transitionnelle vers le Middle Stone Age. Plus intrigant encore, ce niveau a également révélé la présence d’agencements circulaires, possiblement anthropiques, de grosses pierres ayant été légèrement aménagées en périphérie avant leur disposition particulière. Des prélèvements OSL (n=8) ont été effectués par Ch. Tribolo (Université Bordeaux Montaigne) dans les niveaux mis au jour en 2018, notamment dans le niveau contenant l’agencement de pierre, et permettront de préciser les datations des occupations du site. L’étude spatiale est primordiale pour cette surface et il s’agit maintenant d’élargir la zone de fouille pour mieux évaluer l’organisation de ces agencements qui peuvent se rapporter à des bases d’habitat ou à des foyers.
En parallèle, il s’agit de fouiller d’autres sites dans les niveaux sédimentaires du Pléistocène ancien et moyen conservés dans la Vallée de la Falémé, afin de constituer une première séquence chrono-culturelle pour ces occupations anciennes. Grâce à une meilleure compréhension géomorphologique acquise au cours des deux dernières années par M. Rasse (Université Lumière Lyon 2) et L. Lespez (Université Paris-Est Créteil), il est possible de cibler les topographies à prospecter et à sonder. Lors de la campagne de 2018, un sondage a été effectué à quelques centaines de mètres du RBIV et a livré un matériel lithique qui semble, de manière préliminaire, présenter des différences technologiques, bien que produit sur des matières premières similaires. Il s’agit donc également de poursuivre la fouille à cet endroit pour évaluer la variabilité chrono-culturelle dans un contexte géomorphologique comparable.
Mais plus intéressant encore, un autre site, nommé le site du Chacal, a été découvert en 2019 dans une coupe de l’amont du ravin de Sansandé, à une dizaine de km au sud du Ravin Blanc IV. Le matériel collecté en surface au pied de la coupe est tout à fait différent de celui observé au Ravin Blanc IV, tant dans les caractéristiques technologiques que typologiques même s’il s’assimile tout à fait à un ensemble Acheuléen. En effet, parmi les ~70 pièces trouvées, il y a un grand nombre de hachereaux en plus des bifaces, et très peu (ou pas) d’éléments de rapportant à des activités de taille sur place sont présents. L’étude et la fouille de ce site est donc également une priorité de cette thématique.
Pour ce thème, qui a pour but de fournir un cas d’étude de référence pour ces périodes anciennes en Afrique de l’Ouest, il s’agit également de mettre un accent particulier sur les datations. Des dates sont déjà disponibles pour le MSA et le LSA de la Falémé à l’issue de la thèse de doctorat de B. Lebrun (Lebrun 2018). Cet aspect sera développé pour les périodes plus anciennes par Ch. Tribolo qui multipliera les méthodes de datations pour un contrôle géochronologique optimal, telles que l’OSL, la résonance de spin électronique (ESR) et la thermoluminescence (TL), qui serait à tester en particulier sur les arrangements de pierre du RBIV.