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Le projet ANR-FNS 2016-2018

Les modèles discutant des dynamiques de peuplement et de diffusion culturelle au Paléolithique et au Néolithique en Afrique utilisent souvent, à tort ou à raison, des arguments mettant en avant l’influence des changements climatiques, et en particulier ceux des périodes arides pléistocènes ou celui de la fin du « Sahara vert » à l’Holocène. Cependant, ces modèles n’intègrent, le plus souvent, qu’une partie du continent ; l’Afrique de l’Ouest y est quasiment inexistante et n’aurait eu aucun rôle, aucune interaction avec les autres régions. Loin de refléter la réalité, ceci résulte probablement davantage d’un raisonnement par défaut que d’une véritable réflexion basée sur l’analyse de données. Et pour cause, l’Afrique de l’Ouest souffre d’un manque de recherches, tant sur le plan archéologique que paléoenvironnemental : très peu nombreux sont les gisements paléolithiques ou néolithiques bien datés, et les données paléoenvironnementales reposent souvent sur l’étude de carottages marins ou lacustres, dont la pertinence pour la période étudiée à l’échelle ouest-africaine reste discutable.

Les recherches préliminaires menées dans la vallée de la Falémé, à l’est du Sénégal, ont cependant montré le potentiel de cette région pour la réalisation d’une étude intégrant à la fois des données paléolithiques et néolithiques nouvelles et des données paléoenvironnementales locales : l’enregistrement stratigraphique de la vallée, quoique complexe, est bien conservé et les datations préliminaires effectuées par OSL et radiocarbone indiquent qu’il couvre l’ensemble du Pléistocène Supérieur et de l’Holocène. L’alternance de dépôts silto-limoneux et de chenaux grossiers qui le caractérise reste à expliquer d’un point de vue paléoclimatique. Les dépôts liés au stade isotopique 2 (OIS 2, 24-12 ka),  pour partie contemporains de « l’Aride Ogolien » (20-12 ka), sont particulièrement développés et permettront une étude fine de cette période. Les assemblages archéologiques sont présents sur toute la puissance de la séquence stratigraphique, et tout particulièrement dans les niveaux préliminairement datés du OIS 2, période  encore très mal connue au sud du Sahara. A cette époque, les populations humaines semblent disparaître subitement, hypothétiquement décimées par la sécheresse ou réfugiées dans des zones plus favorables.

Notre projet vise donc à coupler des études archéologiques, paléoenvironnementales et géochronologiques (OSL et C14) sur un tronçon de la vallée de la Falémé de plus de 100 km de longueur. Les principaux objectifs sont les suivants :

1)  Etablir un nouveau cadre chrono-culturel pour le Pléistocène final et le début de l’Holocène en Afrique de l’Ouest, qui pourra compléter et être comparé à celui d’Ounjougou    (Mali), à 950 km au Nord-Est, dans une région actuellement plus aride ;

2) Retracer l’évolution climatique et environnementale, au moins sur les derniers 70 ka. Il s’agira notamment de voir comment les évènements de type Heinrich à la fin du Pléistocène et les différents épisodes de sécheresse de l’Holocène ancien et moyen se sont traduits dans la vallée sur le plan environnemental (précipitations, hydrologie, apports éoliens, végétation…) et de déterminer leur impact éventuel sur le plan humain (dynamique de peuplement, changements techniques et culturels).

Notre projet, prévu sur 3 ans, s’appuiera sur les compétences complémentaires des quatre équipes françaises et suisses formant le consortium, en collaboration avec l’IFAN (Université de Dakar, Sénégal), l’IRAMAT-CRP2A (CNRS-Université Bordeaux Montaigne, France) en charge des datations OSL, le LPG (CNRS- Université Paris-Est Créteil, France) qui réalisera les analyses paléoenvironnementales, le Laboratoire APA (Université de Genève, Suisse) qui a la maîtrise du volet archéologique et, enfin, l’IBP (ETH Zürich) pour les datations radiocarbones. Le budget s’élève à 390 k€ HT pour les équipes françaises et 468 k€ HT pour les équipes suisses.