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Le peuplement dogon du clan Tomo

Vue de la fouille de Tyi. Photo A. Mayor

Vue de la fouille de Tyi. Photo A. Mayor

Les recherches sur le site de Tyi

De 2008 à 2010, nous avons mené des recherches sur l’histoire du peuplement dogon à Tyi, à environ 70 km au sud-ouest d’Ounjougou, un lieu reconnu comme l’un des centres les plus anciens d’établissement du clan des Tomo. Cette histoire nous conduit de leur installation au sommet de la falaise, probablement à la fin du 16ème siècle, jusqu’ à l’établissement du village actuel au pied de falaise, au milieu du 20ème siècle, en passant par une importante diaspora dans la plaine du Séno dès la fin du 17ème siècle.

Des prospections, guidées par des Anciens nés sur le site de hauteur, nous ont permis de cartographier quartiers d’habitat, sites liés à des activités artisanales, sépultures, lieux rituels ou religieux, fortifications, sources de matières premières , etc… Nous avons également mené des fouilles archéologiques dans deux quartiers distincts, sur une concession, une citerne et deux tas de cuisson de céramiques. Le recueil de traditions orales, à Tyi et dans les villages de la diaspora, a quant à lui eu pour but de mieux comprendre la dynamique migratoire et certains faits historiques et sociaux.

Enfin, nous avons eu la chance de pouvoir documenter la chaîne opératoire de fabrication des pipes en terre cuite chez le dernier artisan de la région maîtrisant ce savoir-faire, et d’enrichir ainsi l’interprétation des objets archéologiques de ce type présents sur le site de Tyi, où ils étaient produits (M. Canetti, UniGE).

Enquêtes de traditions orales à Lessogou. Photo A. Mayor

Enquêtes de traditions orales à Lessogou. Photo A. Mayor

L’étude des céramiques archéologiques, au niveau de la production et de la consommation, apporte des informations sur l’évolution des styles et des interactions socio-économiques (A. Mayor, UniGE).

L’analyse anthracologique du combustible des tas de cuisson céramiques montre une évolution du paysage au cours des quatre siècles, avec le passage d’un milieu de forêt-galerie à un parc agro-forestier à Karité, avant l’installation d’une savane-parc à Faidherbia albida, typique de la région aujourd’hui (B. Eichhorn, Université de Francfort). L’analyse archéozoologique de la faune a aussi livré des résultats intéressants en termes de consommation carnée, de gestion des déchets et de taphonomie (I. Colaizzi, UniGE). Enfin, l’analyse archéométrique des argiles (N. Cantin, IRAMAT, Université de Bordeaux 3), issues des mines, pipes et récipients, permet d’approcher les changements, au fil des siècles, des stratégies d’utilisation des matières premières et la circulation des produits.

Anne Mayor