Fouille d’une sépulture à la base de la butte I. Photo S. Ozainne
Le site archéologique de Sadia est un habitat de type tell composé de cinq buttes anthropiques distinctes, dont les deux plus importantes ont un diamètre d’environ 90m2. Situé dans la plaine du Séno (Pays Dogon, Mali), il a été découvert en 2008 lors de prospections pédestres menées dans la vallée du Guringin et a fait l’objet de deux campagnes de fouille réalisées par l’équipe du Laboratoire Archéologie et Peuplement de l’Afrique (APA) de l’Université de Genève. En 2010, quatre sondages ont été effectués, dans le but de comprendre la dynamique d’occupation globale du site dont la puissance stratigraphique dépasse les cinq mètres. Un cadre chrono-stratigraphique précis a ainsi pu être défini.
Structures en briques de terre crue de la phase 3 (12e-13e siècles AD). Photo S. Ozainne
En 2011, une fouille extensive de 130m2 a été réalisée sur la butte I dans le but de documenter la dernière phase d’occupation du site, celle-ci présentant des structures en briques d’argile crue bien conservées. En 2012, la poursuite de la fouille a malheureusement dû être annulée, l’accès au Mali étant devenu impossible pour les chercheurs européens.
L’attribution chronologique du site, comprise entre le 8ème et le 13ème siècle AD, repose sur 27 datations 14C. La durée totale de l’occupation est relativement courte, entre 300 et 470 ans, et la sédimentation rapide : un mètre déposé correspond à environ 100 ans.
Céramiques de la phase 3 (12e-13e siècles AD). Photo APA
Un abondant matériel céramique a été mis au jour à Sadia. Son étude fait actuellement l’objet d’une thèse en cours à l’Université de Genève (Chrystel Jeanbourquin). Les autres artefacts comprennent essentiellement des objets en terre cuite, du matériel de broyage en grès, des objets lithiques taillés et polis en quartz et en calcédoine, des objets de fer et des déchets métallurgiques. Quelques objets en alliage à base de cuivre, en os, en coquillage et en pâte de verre ont aussi été découverts.
Les recherches menées à Sadia apportent un éclairage nouveau sur la fin de la période pré-dogon dans le nord-ouest de la plaine du Séno. Les résultats obtenus nous permettent également de replacer cet habitat dans le contexte plus général des milliers de tells occupés durant l’Age du Fer en Afrique de l’Ouest.