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Archéologie funéraire dans la falaise

Les tombes de Dourou Boro. Photo S. Ozainne

Les tombes de Dourou Boro. Photo S. Ozainne

Recherches à Pégué A et Dourou-Boro

La séquence chrono-culturelle « Toloy-Tellem-Dogon », établie à partir des recherches d’une équipe de l’Université d’Utrecht dans les grottes de la falaise de Bandiagara (Bedaux 1972), est reprise depuis 40 ans dans la littérature sans aucune critique, malgré le faible nombre de données et l’ambiguïté des contextes de découverte. Nos premiers travaux archéologiques, menés depuis 1997 sur le Plateau de Bandiagara et dans la plaine du Séno (Guindo 2011 ; Huysecom et al. 2010, 2011 ; Keita 2011 ; Loukou et al. 2013 ; Mayor 2003, 2011 ; Mayor et al. 2005; voir les pages publications et mémoires universitaires), ont mis en évidence l’installation de villages peuplés d’agro-pasteurs dès les premiers siècles BC, comblant entièrement le hiatus culturel de plus d’un millénaire présumé. En 2007 et 2008, nous avons poursuivi nos recherches au niveau de la falaise sur des constructions élevées à l’aide de colombins d’argile, considérées précédemment comme des greniers typiques de l’occupation toloy réutilisés plus tard comme sépultures.

Notre approche a consisté à établir une chronologie précise des constructions de ce type sur deux sites nouvellement découverts, Dourou-Boro et Yawa-vaches, ainsi que sur la grotte A de Pégué, anciennement étudiée mais ré-échantillonnée dans le cadre de la présente recherche. La méthode a consisté à établir des séries de datations radiocarbones sur des éléments végétaux à courte durée de vie non brûlés, incorporés comme dégraissant dans l’argile de construction. Nous avons également repris en détail la description technique de ces constructions, désormais considérées comme des tombes primaires, et établi une typologie mettant en lumière une évolution en trois types sur près de 1800 ans, du 4ème siècle BC au 14ème siècle AD. Par ailleurs, l’étude du nouvel ensemble céramique de Dourou-Boro et le réexamen du matériel céramique attribué à la phase toloy (Bedaux & Lange 1983), nous permettent de reconsidérer l’évolution culturelle qui caractérisait jusque-là l’histoire du Pays dogon. Enfin, l’analyse chimique des perles en pâte de verre découvertes à Dourou-Boro apportent un éclairage nouveau sur la complexité sociale et les contacts extra-régionaux des populations habitant le Pays dogon au 1er millénaire AD, notamment avec le Moyen-Orient (Mayor, Huysecom, Ozainne et Magnavita 2014).

Anne Mayor, Eric Huysecom et Sylvain Ozainne