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Objectifs de recherche

Potière de Falala. Photo A. Mayor

Potière de Falala, 2013. Photo A. Mayor

Plusieurs objectifs complémentaires sous-tendent l’étude des périodes historiques et contemporaines au sein du cadre géographique dessiné par la vallée de la Falémé, et nécessitent des méthodes de recherche distinctes.

Le premier objectif vise à reconstituer les scénarios historiques du peuplement récent, ayant conduit à l’installation des villages actuels, tout en essayant d’en comprendre les mécanismes. La réalisation de cet objectif nécessite la conduite d’enquêtes ethnohistoriques approfondies et systématiques auprès des chefs de famille représentant les différentes composantes ethniques ou sociales des villages.

Ces enquêtes doivent être complétées par la visite, la description et la localisation précise des villages occupés précédemment, souvent abandonnés ; les parcours migratoires doivent quant à eux être calés chronologiquement, en se fondant à chaque étape sur les durées d’occupation des sites, les généalogies et les références à des événements historiques connus. La consultation approfondie de documents d’archives, de récits et de cartes géographiques des premiers explorateurs et administrateurs coloniaux européens, ainsi que de récits historiques fondés sur des traditions orales, permettra en outre de recouper et compléter les informations recueillies sur le terrain. Ces enquêtes ethnohistoriques donneront aussi l’occasion d’explorer les dynamiques économiques, sociales, politiques et religieuses, souvent intimement liées aux causes migratoires. La compréhension des constructions identitaires et des interactions entre les divers groupes occupant la région constitue un sujet particulièrement intéressant dans le présent contexte de mélanges de populations.

Fours de réduction du fer. Photo A. Mayor

Fours de réduction du fer, 2013. Photo A. Mayor

Le deuxième objectif vise à documenter les techniques artisanales actuelles, particulièrement la poterie, la métallurgie du fer et l’orpaillage. Le long de la Falémé, des observations ethnoarchéologiques approfondies permettront de localiser et caractériser les sources d’approvisionnement en matière première, de décrire précisément les chaînes opératoires et les outils, d’étudier les caractéristiques des produits finis et de documenter les modalités de leur diffusion spatiale. Un regard particulier sera porté aux phénomènes d’emprunts techniques, aux intermariages entre producteurs de traditions distinctes et aux évolutions, tant stylistiques que techniques. Autrement dit, il sera nécessaire d’examiner les rapports entre logiques techniques et logiques sociales. Des analyses en laboratoire des matières premières et des produits finis pourraient compléter ce volet, selon des modalités qui restent à définir en fonction d’objectifs plus pointus. Pour chacun des domaines abordés, ces données fourniront des référentiels de comparaison utiles aux interprétations des vestiges archéologiques régionaux des périodes historiques et protohistoriques. L’approche diachronique de la céramique, en comparant de nombreux ensembles bien datés issus des sondages archéologiques, permettra de reconstituer l’histoire des techniques et des peuplements dans cette région encore mal connue.

Le dernier objectif vise à mener une étude ethnoarchéologique de l’architecture traditionnelle, très bien préservée dans de nombreux villages et particulièrement peu documentée. Il s’agira de décrire les matériaux et les techniques de construction, les liens entre plan au sol et élévations pour les divers types de bâtiments, les corrélations entre techniques, dimensions et fonctions des pièces, l’agencement des espaces, leur utilisation et leur rapport au groupe familial, ainsi que les décors muraux et leurs éventuelles significations. Le relevé de plans de concessions et la répétition d’observations au sein de plusieurs villages de chaque groupe ethnique dans plusieurs régions le long de la Falémé permettront de caractériser la variabilité architecturale régionale et de construire un référentiel actualiste solide. Celui-ci se montrera indispensable à l’interprétation des nombreuses structures visibles en surface des sites archéologiques prospectés. Enfin, la documentation de l’architecture religieuse et funéraire sera également d’un grand intérêt.

Anne Mayor et Ndèye Sokhna Guèye